Restauration d’un vieux moulin par Jean-Luc Bousquet

Pour ce mois d’octobre 2015, nous partons dans l’Hérault pour découvrir le chantier de restauration d’un vieux moulin par Jean-Luc Bousquet, gérant de l’entreprise Bousquet et Fils basée à Pézénas (34), employant 4 salariés et un apprenti.


« J’ai été sollicité par un particulier pour restaurer un vieux moulin à eau datant du 16ème siècle, à Fontes près de Pézénas. Laissé à l’abandon depuis près de 2 siècles, le propriétaire a souhaité remettre le moulin en état avant de le transmettre à ses enfants.
Nous avons débuté le chantier en mai 2015, avec la participation de 2 à 3 salariés. Nous avons passé 2 mois à restaurer les murs et un mois pour remettre en état la charpente et la toiture. Les travaux ont duré 3 mois au total.
La principale contrainte que nous avons rencontrée a été l’accessibilité, car le moulin se trouve au milieu des vignes, à côté d’un ruisseau. Il n’y avait pas d’eau courante ni d’électricité ; nous avons dû nous organiser pour puiser l’eau de la rivière pour le chantier (mise en place d’une pompe thermique alimentée par un groupe électrogène, à l’ancienne..!) et pour fournir l’électricité nécessaire sur place, nous avons utilisé un groupe électrogène. 
Le moulin était en ruine, une partie des murs en pierres s’était écroulée et l’autre partie des murs était recouvert de végétations, avec des arbres qui avaient poussé au milieu du moulin.

Dans un premier temps, nous avons démoli les murs qui penchaient, nous avons tout dégagé à la main en triant les gravats et les pierres que nous avons récupérées pour rebâtir les murs. Nous avons scié les arbres et les avons évacués, nous avons étayé et purgé les murs en enlevant les végétaux mais nous avons procédé progressivement car par endroit, c’est la végétation qui permettait que les murs tiennent !

Tous les linteaux sur les faces extérieures étaient en pierre de taille et à l’intérieur, il y avait à l’origine des morceaux de bois, dont les restes étaient en tellement mauvais état que nous avons tout enlevé. Nous avons retrouvé au sol des pièces de bois défectueuses qui avaient lâché, que nous avons évacuées car elles étaient inutilisables.
Nous avons fait tailler sur mesure du chêne neuf pour recréer les linteaux intérieurs.
Nous avons retrouvé les pierres de taille des linteaux extérieurs et les avons donc remises en place ; ce qui a permis de refaire tous les encadrements avec les pierres d’origine.
Une fois que le tri et le nettoyage ont été faits, nous avons monté un échafaudage pour rebâtir les murs en pierres, à l’identique.
Nous avons utilisé i.pro CHAUX RABOT pour remonter les murs et avons rejointoyé les pierres en les laissant apparentes pour redonner l’aspect de l’existant.Nous avons découvert un évier en pierre encastré dans un mur que nous avons restauré en remettant en place la voûte de l’évier rebâtie à la chaux. 
Nous avons également remis en place la fixation de la chèvre, avec une pièce de bois en chêne et un rond en pierre que nous avons bâti. La fixation de la chèvre est une pièce qui permettait de soulever les pierres de meule pour les retailler et ainsi affiner la pierre pour qu’elle meule mieux. Historiquement et techniquement pour l’usage du moulin, il était important de restaurer cette partie, même si le moulin n’est pas en mesure de fonctionner vu que le ruisseau ne coule plus dessous.
La particularité de ce moulin est qu’il possédait 2 turbines, une meule pour l’huile d’olive et une seconde meule pour la farine. C’est rare car un moulin est normalement destiné à un seul usage !


Nous avons recréé la génoise à l’identique. Ceci a été possible car il restait un mètre de l’ancienne génoise qui n’avait pas été détruite. Il a ainsi été possible de voir comment elle était faite à l’origine, avec des tuiles en terre cuite et des pare-feuilles. Nous avons utilisé des vieux matériaux mais nous n’avons rien retrouvé sur place car au début du 20ème siècle, le grand-père du propriétaire était venu récupérer toutes les tuiles et les pare-feuilles du moulin en ruine pour réparer sa cave qui avait brûlé !

Sur ce chantier, le plus dur a été d’analyser les murs avant travaux pour chiffrer le devis à cause de la végétation envahissante ; nous avions peu de visibilité, il était donc difficile de savoir ce qui allait pouvoir être conservé ou ce qu’il allait falloir démolir et reconstruire. Cela a été très intéressant de travailler un vieux bâtiment tel que ce moulin pour le remettre en état et réussir à le conserver. Nous avons utilisé exclusivement de la chaux i.pro CHAUX RABOT pour rebâtir manuellement toutes les pierres du moulin mélangée à du sable naturel puisé sous le moulin, pour donner une granulométrie irrégulière et retrouver la teinte d’origine.»


Chiffres clés

  • Durée du chantier : 3 mois

  • Chaux utilisée : i.pro CHAUX RABOT
  • Quantité de chaux utilisée : 2 palettes