Rénovation extérieure par Julien Latraube

Pour ce mois de février 2016, nous allons vous présenter un nouvel adhérent, Julien Latraube, co-gérant avec son père de la SARL LATRAUBE FRERES à Eauze dans le Gers (32). Employant 4 salariés, Julien va nous parler de son parcours et de son entreprise, puis nous présentera un chantier qu’il a terminé l’an dernier pour la partie extérieure ; la rénovation intérieure devant débuter courant février.


« Mon grand-père, à son compte en tant qu’artisan charpentier durant de nombreuses années, employait ses fils ; en 1984, mon père et mon oncle se sont associés pour transformer l’entité de mon grand-père et créer ainsi la SARL LATRAUBE FRERES. Ils ont développé l’activité de l’entreprise, qui s’est spécialisée en maçonnerie, charpente et couverture. J’ai suivi une formation en alternance pendant 2 ans dans l’entreprise familiale de 2003 à 2005, avec les Compagnons du Devoir. Je suis ensuite parti pendant 2 ans découvrir d’autres entreprises, tout en restant dans la région. J’ai passé un an à Albi dans une grosse entreprise de maçonnerie, qui faisait principalement du gros œuvre.

Je suis ensuite allé dans l’Ariège pour intégrer une SCOP de 2006 à 2007. Nous faisions autant de neuf que de restauration, cela m’a permis de toucher à tout et de découvrir les différents métiers de la maçonnerie. Cette expérience a été très enrichissante, car il n’y a pas le même esprit dans une entreprise et dans une coopérative. Dans cette dernière, tous les salariés se sentent investis car ils ont au moins une action dans la SCOP. Après ces 2 années, j’ai préféré revenir dans l’entreprise de mon père et passer un Brevet Professionnel de maçonnerie avec le Centre de Formation P. P. Riquet de Toulouse plutôt que de partir pendant 5 ans faire le Tour de France des Compagnons. J’ai travaillé de nouveau en alternance dans l’entreprise familiale et, en 2009, j’ai obtenu mon diplôme. 
Dès février 2010, j’ai racheté les parts de mon oncle pour devenir associé avec mon père de la SARL LATRAUBE FRERES. Nous sommes de plus en plus axés sur la restauration tout en faisant toujours de la charpente et de la couverture. Pour le gros œuvre, nous travaillons avec un bureau d’études mais pour la rénovation traditionnelle, nous réalisons nous-mêmes tous les travaux grâce à notre expérience, notre savoir-faire et notre professionnalisme dans ce domaine.


Nous nous déplaçons dans un périmètre de 40 à 50 km d’Eauze. Nous n’allons pas plus loin car la logistique devient vite compliquée. Nous travaillons principalement pour des particuliers, qui représentent 80% de nos chantiers, le reste étant des Marchés Publics auxquels nous répondons. Nous travaillons souvent pour une usine à Eauze qui nous sollicite pour de la maintenance. Je travaille encore sur les chantiers, lorsque nous devons réaliser des enduits à la chaux mais depuis la reprise de l’entreprise, je suis très souvent au bureau pour gérer toute la partie administrative. Nous utilisons la chaux depuis longtemps, mon père l’employait en restauration pour le rejointoiement de pierres et la réalisation d’enduits. Mais les nouveaux produits, à l’époque, avaient du mal à passer dans notre machine à projeter. C’est pourquoi mon père a eu tendance, pendant une période, à utiliser des produits monocouche et prêts à l’emploi pour faciliter le passage en machine. 
Mais il s’est rendu compte, au fil des années, des propriétés de la chaux, beaucoup mieux adaptées à certains supports, comme les façades en pierres par exemple, sur lesquelles il n’est pas possible d’envisager d’autres matériaux si on veut que la rénovation soit pérenne. Depuis la sortie de produits à la chaux qui passent très bien en machine, nous privilégions ce matériau pour toutes nos réalisations. Je n’ai jamais suivi de formation spécifique sur la mise en oeuvre de la chaux.


J’ai appris lorsque j’étais apprenti avec les Compagnons du Devoir et chez mon père. Nous sommes des autodidactes dans la famille, j’observe, je m’informe auprès des commerciaux, de mon entourage, car mon père étant lui-même Compagnon du Devoir, il est toujours en contact avec d’anciens Compagnons. C’est comme une famille. On peut s’appuyer sur eux, demander conseils sur des produits, des techniques… Nous avons d’ailleurs en permanence des jeunes apprentis Compagnons du Devoirs dans l’entreprise, qui se forment auprès de nous, on perpétue la tradition et je pense que c’est très enrichissant pour tout le monde. La maçonnerie n’est pas une science exacte et c’est en essayant, en testant et souvent en se trompant qu’on apprend ! »Julien Latraube a choisi de nous présenter un chantier de rénovation extérieure à la chaux, d’une surface d’environ 180 m², qu’il a réalisé à Eauze il y a un an et demi.

« Nous avons été sollicités par un particulier pour rénover les 4 façades extérieures en pierres d’une maison non habitée à Eauze qu’il souhaitait transformer en gîte. Etant négociant en Armagnac, il voulait proposer un logement à ses clients potentiels à côté de son chai, qu’il a également fait restaurer par une autre entreprise.
Nous avons débuté les travaux en septembre 2014 et les avons terminés au printemps 2015, avec une équipe de 3 à 4 personnes. Le chantier a duré 6 mois en discontinu, incluant les temps de séchage, les intempéries empêchant les travaux et les autres chantiers en parallèle. Nous avons commencé par piquer les murs puis, nous avons procédé à un sablage des façades en pierres calcaires. Nous avons passé du temps à préparer les supports et nous avons dû démonter l’échafaudage ; le client souhaitait que nous fassions entre-temps les terrassements extérieurs autour de la maison avant d’appliquer le gobetis… Nous avons en partie fait le dégrossi manuellement et à la gamelle. Pour le reste des enduits nous avons travaillé en projection mécanique.


Nous avons utilisé i.pro CHAUX RABOT pour les 2 couches de dégrossi puis nous avons terminé par une couche de finition avec i.design RENOCOLOR. 
L’application mécanique de la couche de finition avec i.design RENOCOLOR a duré 4 jours. 
Nous avons investi dans une taloche électrique qui nous facilite le travail, nous soulage physiquement et qui rend un très bel aspect final. C’est un peu délicat à manipuler car le risque est de faire faïencer l’enduit mais si on l’utilise bien, c’est un outil très pratique. C’est la 1ère fois que j’utilisais i.design RENOCOLOR et je suis très satisfait du résultat. Nous avons opté pour ce produit à la chaux car il passe très bien à la machine à projeter et cela permet ainsi un gain de temps pour la mise en œuvre. Nous avons proposé des échantillons Champagne et Safran, c’est cette dernière teinte qui a été retenue et le résultat est très joli, la couleur un peu rosée fait ressortir la pierre blanche des encadrements. Nous avons sablé et nettoyé les encadrements en pierres mais nous les avons laissés tels quels car ils étaient en très bon état. Nous avons juste dû faire attention durant l’application de l’enduit de ne pas salir les encadrements de fenêtre.


Nous avons créé une seule ouverture, en pierres de pays que nous avons faite tailler par un tailleur de pierres. Nous avons monté les pierres en utilisant i.pro CHAUX RABOT.
Nous avons choisi d’utiliser des produits à base de chaux car le support en pierres l’exigeait et car le client voulait une restauration traditionnelle, à la chaux.Le propriétaire nous a recontactés dernièrement pour travailler l’intérieur ; les travaux devraient commencer courant février. Nous avons prévu d’appliquer i.design MONOLYS sur tous les murs en pierres de 50 cm d’épaisseur.
La principale contrainte que nous venons de constater est la remontée d’humidité que nous allons traiter par injections dans les murs. Cela devrait faire barrière au salpêtre, qui commence à ressortir également sur les façades extérieures un an et demi après les travaux. »


Chiffres clés

  • Surface murale : 180 m² de façades

  • Durée du chantier : 6 mois en discontinu
  • Nombre de personnes sur le chantier : 3 à 4 personnes
  • Chaux employées : i.pro CHAUX RABOT / i.design RENOCOLOR Safran