Restauration d’un ancien abattoir par Cyril Coustalat

Pour ce mois de mars 2016, nous partons à Maubourguet (65) découvrir le chantier de Cyril Coustalat, gérant de l’entreprise COBATRAP basée à Vic en Bigorre dans les Hautes-Pyrénées (65). Employant 9 personnes, Cyril Coustalat a souhaité nous présenter un chantier de restauration d’un ancien abattoir, transformé en kiosque.


« Nous avons obtenu ce chantier suite à un appel d’offre lancé par la mairie de Maubourguet (65). Nous avons été retenus pour restaurer tout un quartier. Nous avons rénové des façades en pierres, en briques, des bassins aquatiques ainsi que cet ancien abattoir à l’abandon et en mauvais état, que nous avons transformé en kiosque. Nous avons réalisé cette transformation en nous basant uniquement sur le plan de l’architecte qui avait élaboré le projet. Nous n’avons pas eu à respecter de cahier des charges précis vu que le bâtiment n’était pas classé. Le chantier a commencé fin 2013 et nous l’avons terminé au début de l’année 2014.

15 jours de travaux ont été nécessaires pour restaurer entièrement le kiosque. Les façades intérieures et extérieures ont été restaurées et 6 ouvertures en briques ont été créées sur les murs latéraux, celles situées en pignon ayany juste été rénovées. Nous avons dû faire très attention lors des ouvertures car le bâti étant très vieux, il menaçait de s’écrouler à la moindre erreur.

Etant donné le support des murs, fait de galets et de pierres de l’Adour, nous avons choisi d’utiliser un enduit à la chaux aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, pour respecter le bâtiment. Nous avons utilisé un sablon puis tout a été fait manuellement, ce qui a représenté 200 m² de surface à restaurer.

Avec une équipe de 2 à 3 personnes, nous avons commencé par éventrer les murs de part et d’autre en les étayant car le principal risque était que le bâtiment s’écroule. Nous avons fait des élévations en fabriquant des mannequins en bois pour faire les cintres des ouvertures, pour qu’elles soient toutes identiques. Nous avons monté les briques directement sur les mannequins, avons comblé entre les briques et les anciens murs avec des galets traditionnels que nous avons bâtis à la chaux, en utilisant le même produit que pour le montage des briques.C’est la première fois que nous réalisions autant d’ouvertures pour un même bâtiment : 6 ouvertures identiques, 3 arcs sur les 2 grandes façades latérales.
Sur chaque pignon, il y avait déjà une ouverture existante dont une en briques anciennes que nous avons rénovée et l’autre existante en béton, que nous avons cassée pour la refaire identique aux autres, en briques.
Nous avons effectué le rejointoiement des briques à la chaux, en utilisant le même mortier que pour les ouvertures créées et rénovées.
Au niveau des pignons, les 2 ouvertures de l’étage étaient existantes et en bon état, nous les avons juste restaurées à l’identique.Pour les façades extérieures, nous avons procédé à une application traditionnelle, c'est-à-dire en  3 couches. Pour le gobetis et le dressage, nous avons employé de la chaux hydraulique mélangée à du sable. Pour la couche de finition, nous avons choisi d’utiliser un mélange de 3 sables, BATISABLE roux, auquel nous avons ajouté du sable de Garonne et du sable gris. 


Nous avons fait plusieurs tests et proposé des échantillons avec différents sables au maitre d’ouvrage pour la couche de finition et c’est le mortier à base de BATISABLE roux qui a été validé.Pour la partie intérieure, nous avons piqué tous les murs faits de pierres et de briques ; sur les murs pignons, nous avons laissé les pierres apparentes, nous avons seulement effectué un rejointoiement et un sablage pour laisser les pierres à vue.
Pour les murs intérieurs latéraux, nous avons utilisé le même enduit que pour les façades extérieures, à savoir un mortier à base de BATISABLE.

La charpente existante était en bon état, elle a juste été nettoyée par un artisan charpentier. Nous avons rénové l’ensemble des murs, les génoises au niveau de la sablière en bordure de toit et le sol.
Pour le sol, il y avait un vieux béton abîmé que nous avons entièrement cassé, avons décaissé sur 30 cm puis, nous avons coulé un béton à la demande du client. Nous avons fait un listel en briquettes de catégorie 5, posé à plat et rempli avec un béton taloché couleur naturelle.Le modèle du mannequin a été fait en atelier, nous avons l’habitude et le savoir-faire car pour chaque ouverture que nous réalisons, nous fabriquons un mannequin unique.


Pour ce chantier, la tâche a été facilitée car nous avons créé un seul mannequin, comme toutes les ouvertures devaient être scrupuleusement identiques.Ce qui est intéressant dans mon métier, c’est de redonner vie à des bâtiments anciens et endommagés, tout en conservant leur aspect d’origine et leur authenticité.
COBATRAP est une entreprise de maçonnerie générale, nous proposons nos services pour le gros œuvre, la rénovation, la construction neuve… j’aimerais me spécialiser dans la rénovation et le bâti ancien en ayant des salariés dédiés et ainsi pouvoir travailler pour les Bâtiments de France mais il est compliqué d’obtenir les certificats. 
J’ai failli restaurer un monastère, dont les travaux étaient supervisés par les Bâtiments de France. Mon devis et mon dossier convenaient mais je n’ai pas été retenu car je n’avais jamais fait de chantier pour les Monuments Historiques et donc je n’avais pas de référence…
J’espère qu’un jour cela se concrétisera ! »


Chiffres clés

  • Surface murale : 200 m²

  • Durée du chantier : 15 jours
  • Nombre de personnes sur le chantier : 2 à 3
  • Chaux employée : i.design RENOBLANCHE et BATISABLE ROUX