Réhabilitation intérieure et extérieure d’une ancienne maison par Alain Battistella

Pour ce mois de mars 2017, nous allons vous présenter un chantier réalisé par la SARL E.B.C. basée à Alzonne dans l’Aude et co-gérée par les frères Battistella : la réhabilitation intérieure et extérieure d’une ancienne maison près de Castelnaudary (11). 


« Fin 2015, nous avons été sollicités par un particulier pour réhabiliter entièrement sa maison secondaire jonchée en haut d’une colline sur un rocher, près de Castelnaudary. Le hameau a été bâti par les Cathares vers le 10ème siècle et l’une des principales contraintes du chantier a été l’accès. Comme il était impossible d’approvisionner avec des camions, nous avons dû faire tous nos bétons sur site, impliquant l’achat d’un gros malaxeur et la fabrication d’un silo spécial.

Nous avons produit plus de 130 m3 de béton !Nous avons débuté les travaux en octobre 2015 et nous venons de les terminer, fin janvier 2017. 2 personnes ont travaillé en permanence sur ce chantier, mais parfois, toute notre équipe (les 6 salariés de l’entreprise) était présente lors de phases délicates (jointoiement intérieur, coulage de béton pour la piscine, dallage et réalisation des planchers intérieurs...)

Vu la singularité du chantier, nous avons fait appel à un architecte et un bureau d’études afin de trouver des solutions pour garder l’aspect authentique du bâtiment et renforcer le terrain. Pour sécuriser le lieu et les fondations, nous avons réalisé des couches de béton, en perçant la roche pour y insérer à chaque couche des barres métalliques de renfort. Nous avons commencé par bâtir un mur de soutènement ancré dans le rocher en dessous du jardin pour éviter un glissement de terrain sur les habitations voisines. Nous avons profité de la construction du mur pour venir appuyer la piscine dessus.


Nous avons réalisé les aménagements extérieurs sur les conseils de l’architecte, en créant côté sud un perron en pierres Grès des Pyrénées, devant la piscine. Nous avons opté pour i.pro STABEX, produit que nous utilisions pour la première fois. Nous l’avons mélangé avec du sable jaune pour faire les joints des dalles et de la terrasse. Le client voulait un sol en dur, sans herbe de ce côté et pour éviter d’utiliser du béton, nous avons choisi du sable stabilisé, qui ne se désagrège pas et qui apporte un aspect ancien et rustique et s’accorde parfaitement avec le grès, les dalles et les pierres de la maison.Un tailleur de pierres m’a préparé les dalles avec un nez arrondi pour le perron, que nous avons nous-mêmes découpées pour adapter les pierres au site.

Nous avons créé une petite terrasse en tommettes de terre cuite, récupérées du plancher intérieur de la maison.
Sur les côtés de la piscine, nous avons créé 2 terrasses avec des lames de bambous posées sur des plots.Côté nord de la maison, il a fallu également bâtir un second mur de soutènement en béton armé banché. On en a profité pour créer un garage intégré dans le talus, en béton armé banché (banche manuportable) pour soutenir la maison et le talus.
Nous avons fait l’étanchéité sur le toit du garage en passant une résine spéciale sur le béton puis en mettant une trame pour drainer l’eau. Sur cette trame, nous sommes venus couler un béton drainant (avec du gravier, ciment et eau), ce qui a permis de gagner de la hauteur. Nous avons terminé en mettant du gravier blanc par-dessus pour l’esthétique. 
Nous devons encore terminer d’enduire l’extérieur du garage ; j’ai prévu d’utiliser i.design CENT % déjà teinté. Il nous faudra environ 20 sacs de ce mortier de chaux pour finir le garage.Pour accéder au côté nord, nous avons construit un escalier que nous avons recouvert de pierres de Grès des Pyrénées, faisant un rappel avec le perron côté sud.
Comme le client voulait une table en pierre, nous sommes allés chercher une tranche de pierre de 12 cm d’épaisseur, sur 2,40 m de long et 1,30 m de large. Il souhaitait la conserver brute, donc nous avons trouvé 2 tubes en fer plein pour faire les pieds ; pour éviter que la table et les chaises ne s’enfoncent dans le gravier, nous avons fait un béton désactivé au sol pour avoir un support dur, pouvant soutenir la dalle en pierre d’une tonne !A l’intérieur, nous avons commencé par décaisser la maison pour gagner de la hauteur. En creusant, nous avons découvert des fondations de l’ancien château du site dont une glacière d’époque : un trou creusé dans le sol qui servait à stocker les aliments. Nous l’avons évidemment conservé et restauré à l’identique.

Nous avons ensuite coulé un dallage béton classique au sol, pour faire un plancher chauffant par-dessus. Nous avons pulvérisé de la mousse polyuréthane sur toute la dalle pour isoler le plancher chauffant. Nous avions vu une démonstration et pour la 1ère fois, nous avons utilisé cette technique, très appropriée pour combler les vides contre des murs en pierres apparentes et permettre ainsi une isolation parfaite.

Nous avons piqué, sablé et rejointoyé tous les murs intérieurs en pierres apparentes, ce qui a représenté près de 250 m². Pour le rejointoiement, nous avons utilisé de la chaux aérienne mélangée à du sable avec des grains noirs pour retrouver l’aspect rustique souhaité par le propriétaire. Nous avons brossé et lavé les joints pour faire ressortir le grain et nous avons laissé les murs tels quels, en pierres apparentes.Certains murs intérieurs en colombage étaient très abîmés, le client a souhaité les restaurer lui-même, pour participer aux travaux de sa maison. Il a enlevé tout le remplissage du colombage puis, a comblé les cloisons intérieures de chaux-chanvre. Il a laissé les murs bruts, sans appliquer d’enduit par-dessus.


De nombreux corps d’état (plombier, électricien, carreleur, charpentier, menuisier) ont participé au chantier pour réhabiliter entièrement cette maison. Toutes les menuiseries en bois ont été changées par un artisan local et les encadrements en pierres ont juste nécessité quelques reprises car ils étaient en bon état. Un charpentier est intervenu pour refaire tout le toit (charpente et couverture). Nous avons dû reprendre la partie haute des murs pour arriver jusqu’au niveau du toit refait car il y avait de nombreux vides. Nous avons récupéré des pierres sur site, que nous avons rebâties avec un mortier à base de chaux aérienne et d’un peu de chaux hydraulique NHL 3,5.

A l’étage, nous avons refait un plancher béton à la place du plancher bois qui était en mauvais état. Nous avons remis un parquet avec du bois neuf dessus. Dans d’autres pièces, le sol était en tommettes abîmées et comme le client voulait conserver l’aspect ancien, nous avons récupéré sur site des tommettes en terre cuite que le carreleur est venu poser.Sur les façades, nous avons repris les linteaux des ouvertures avec la technique de la fausse pierre, réalisée en mélangeant de la chaux hydraulique et aérienne. Nous avons ensuite appliqué un badigeon à base d’eau forte et d’Ombre Naturelle pour patiner et donner un aspect vieilli à la pierre.

Nous avons créé la porte d’entrée et quand nous avons procédé à l’ouverture, nous avons retrouvé un pan de mur témoignant que le bâtiment avait été un château puis une chapelle pour devenir une habitation. Nous avons évidemment conservé sur un jambage le mur d’origine et nous avons découpé « brut » l’autre côté en pierre pour montrer que l’ouverture est une création. Nous avons posé un linteau avec une pierre naturelle massive. La difficulté pour cette porte et les encadrements de fenêtre a été de retrouver la teinte des joints existants sur les façades. Nous avons fait de nombreux tests avec des sables différents (marron, jaune…) pour arriver à trouver la couleur adéquate.
Nous avons modifié une fenêtre que nous avons transformée en porte-fenêtre dans la cuisine. Nous avons utilisé des pierres récupérées sur d’autres chantiers pour réaliser le jambage. Nous n’avons pas touché aux façades en pierres qui avaient déjà été restaurées auparavant.Tout a été intéressant sur ce chantier : la réflexion avec le bureau d’études et l’architecte pour trouver les solutions adaptées au lieu, la diversité des travaux (maçonnerie, reprise de pierres, aménagements extérieurs…), la découverte du « trou d’époque », ainsi que les différentes techniques employées.
Suite à ces travaux, nous sommes en train de réfléchir à un projet d’assainissement de tout le hameau (une dizaine d’habitations). J’envisage de mettre en place un système de filtre à roseaux avec une cuve récupérant l’eau et qui l’envoie dans ces roseaux pour être naturellement drainée. C’est une technique que j’utilise souvent, dès qu’il y a du volume à assainir. »

Zoom chantier

  • Surface : 250 m² de rejointoiement intérieur
  • Durée du chantier : 1 an et 3 mois environ
  • Nombre de personnes sur le chantier : 2 personnes permanentes / 6 personnes par phases
  • Chaux employées :
    Chaux hydraulique naturelle NHL 3,5 (i.pro CHAUX SOCLI) 
    Chaux aérienne (i.design CAEB)
    Sable stabilisé (i.pro STABEX)
    Ocre (Ombre Naturelle)
  • Quantités utilisées ou produites :
    4 palettes de i.design CAEB
    3 palettes de i.pro CHAUX SOCLI
    1 palette de i.pro STABEX
    130 m3 de béton